V

 

Dajeil passait de plus en plus de temps, ces jours-ci, avec les animaux. Elle nageait en compagnie des gros poissons et des mammifères et reptiles à évolution marine. Avec une combinaison de vol, elle croisait dans les airs au-dessus de la mer, ses larges ailes déployées parmi les créatures-ballons, portée par les paisibles courants aériens, au milieu des nuages en couches. Protégée par une gélicombe dotée d’une unité secondaire anti-g, elle se frayait un chemin parmi les gaz toxiques, les nuages acides et les bandes-tempêtes de la haute atmosphère, dans l’environnement délétère et la beauté féroce de l’écosystème local.

Elle passait même une partie de son temps à se promener dans les jardins de la partie supérieure du vaisseau, où se trouvaient les réserves naturelles que Service Couchettes possédait même du temps où il était un VSG régulier et discipliné, un membre docile et dévoué de la section de Contact ; les parcs – totalement paysagés avec collines, forêts, plaines, rivières, lacs et ruines de villages et auberges – couvraient toutes les surfaces supérieures du grand vaisseau, occupant en tout plus de huit cents kilomètres carrés. Depuis que les humains avaient quitté le vaisseau, ces espaces verts étaient livrés aux nombreux animaux du parc, parmi lesquels il y avait des herbivores, des prédateurs et des charognards.

Elle ne leur avait jamais accordé beaucoup d’attention – s’intéressant plutôt aux hôtes les plus gros des milieux aquatiques – mais, maintenant qu’ils allaient connaître le même exil ou la même mise en sommeil que le reste, elle avait commencé à leur prêter un intérêt tardif, presque empreint de remords (comme si, se disait-elle avec mélancolie, son attention conférait une signification particulière aux comportements qu’elle observait, ou avait un sens quelconque pour les créatures concernées).

Amorphia ne vint pas lui rendre sa visite habituelle. Deux jours de plus passèrent.

Lorsque l’avatar se présenta de nouveau, elle venait de finir de nager en compagnie des raies triangulaires à ailes mauves dans les hauts-fonds de la mer qui s’étendait au pied de la falaise abrupte de trois kilomètres de haut représentant la partie arrière du vaisseau. Pour rentrer, elle avait emprunté l’engin volant que le vaisseau mettait habituellement à sa disposition, mais lui avait demandé de la déposer en haut du versant en éboulis sous la falaise qui faisait face à la tour.

La journée était belle, l’air était frais et vivifiant ; l’hiver allait bientôt venir dans cette partie de l’environnement du vaisseau ; tous les arbres, à l’exception de quelques bleus persistants, avaient perdu leurs feuilles et la neige serait bientôt là.

La visibilité était excellente et, du haut de l’éboulis, elle apercevait les îles du Bord, à trente kilomètres de là, près de l’endroit où le champ de confinement interne du vaisseau tombait comme une paroi sur la mer.

Elle s’était laissée glisser au pied de l’éboulis dans un bruit de pierres sèches, déclenchant des coulées de graviers et de poussière. Depuis longtemps, elle avait appris à se servir à son avantage de son centre de gravité altéré pour ce genre d’expédition et n’avait encore jamais fait de mauvaise chute. Elle arriva en bas le cœur battant, les muscles des jambes échauffés par l’effort, la peau luisante de transpiration. Elle traversa alors d’un bon pas les marais salants, en suivant les sentiers que le vaisseau avait tracés pour elle.

La ligne-soleil était sur le point de disparaître à l’horizon lorsqu’elle revint à la tour, essoufflée et en nage. Elle se doucha et elle était assise devant un feu de bois que la tour avait allumé pour elle, laissant sécher naturellement ses cheveux, lorsque Gravious, l’oiseau noir, frappa du bec, une seule fois, à la fenêtre, avant de disparaître.

Elle rajusta son peignoir autour d’elle tandis que la haute silhouette vêtue de noir d’Amorphia grimpait l’escalier et pénétrait dans la salle.

— Amorphia ! dit-elle en rabattant le capuchon du peignoir sur ses cheveux mouillés. Bonjour, je peux vous servir quelque chose ?

— Non, non, merci, dit l’avatar en jetant un regard nerveux autour de lui dans le living circulaire.

Dajeil lui indiqua un siège tandis qu’elle s’asseyait sur un canapé face à la cheminée.

— Faites comme chez vous, dit-elle en repliant ses jambes sous elle. Qu’est-ce qui vous amène aujourd’hui ?

— Je… (L’avatar s’interrompit pour tirailler sa lèvre inférieure entre deux doigts.) Il semble que… (Il hésita encore, prit une respiration profonde.) Le moment…

Il s’arrêta de nouveau, confus.

— Le moment ? demanda Dajeil.

— Il est… il est… arrivé, bredouilla Amorphia d’un air penaud.

— Le moment du changement dont vous m’avez parlé ?

— Oui, dit l’avatar, qui parut soulagé. Oui, le moment du changement. Ils sont obligés de commencer maintenant. En fait, ils ont déjà commencé. Ils rassemblent d’abord les créatures, et ensuite… (De nouveau, il perdit son assurance et fronça profondément les sourcils.) Le… dépaysement, fit-il en trébuchant, dans sa hâte, sur les mots suivants. La dégéo… dégéomorphologisation… La… primalisation !

Il avait presque hurlé ce dernier terme. Dajeil sourit, en essayant de ne pas laisser voir le trouble qu’elle ressentait.

— Je comprends, dit-elle lentement. Le processus est vraiment engagé ?

— Il l’est, fit Amorphia, le souffle court. Il l’est, de manière irréversible.

— Et il va falloir que je quitte le vaisseau ?

— Oui. Je… regrette.

L’avatar avait l’air plus penaud que jamais.

— Où vais-je aller ?

— Où ? répéta Amorphia, désorienté.

— Où va-t-on me déposer ? Dans un autre vaisseau ? Un autre habitat ? Une planète ? Un roc ? Où ?

— Je… (L’avatar fonça de nouveau les sourcils.) Le vaisseau l’ignore pour le moment. On est en train de prendre des dispositions.

Elle fixa un instant l’avatar du regard tout en caressant, distraitement, sous son peignoir, l’arrondi de son ventre.

— Que se passe-t-il donc, Amorphia ? demanda-t-elle à voix basse. Pourquoi tout cela arrive-t-il ?

— Je ne peux pas… Vous ne devez pas… Vous ne devez pas savoir, lui dit l’avatar en hésitant.

Il paraissait à bout. Il secouait la tête comme s’il allait se mettre brusquement en colère, en jetant des regards partout autour de lui, comme s’il cherchait quelque chose. Finalement, il la regarda de nouveau en disant :

— Je pourrai peut-être vous en dire un peu plus dans quelques jours, si vous me promettez de rester à bord jusqu’à ce que… le moment soit venu de vous évacuer sur un autre vaisseau.

Elle lui sourit.

— Ce n’est pas une très grande contrainte. Cela veut dire que je peux rester ici un peu plus longtemps ?

— Pas ici. La tour et le reste auront disparu. Cela veut dire que vous devrez vous installer à l’intérieur, dans le VSG.

Elle haussa les épaules.

— D’accord. Cela devrait être supportable. Quand faut-il que je déménage ?

— Dans un jour ou deux.

D’un air soudain inquiet, l’avatar se pencha en avant sur son siège.

— Il est… possible… que vous vous exposiez à certains risques en restant plus longtemps à bord. Le vaisseau fera de son mieux pour les réduire, naturellement, mais la possibilité existe. Et il se peut que… (Amorphia secoua brusquement la tête.) J’aimerais… Le vaisseau aimerait… que vous restiez à bord jusque-là. C’est peut-être très important… Bon…

L’avatar semblait sidéré de ce qu’il venait de dire. Dajeil se rappela soudain le jour où elle avait tenu un tout petit bébé dans ses bras et où il avait laissé échapper un pet retentissant ; l’expression de surprise qu’il avait eue alors n’était pas très différente de celle d’Amorphia. Elle réprima une envie presque irrésistible d’éclater de rire, qui disparut d’elle-même, au demeurant, lorsque l’enfant qu’elle portait, comme s’il percevait sa pensée, se mit à lui donner de grands coups de pied. Elle posa une main sur son ventre.

— Oui, dit Amorphia, ce serait bien que vous restiez à bord… Tout bien pesé, il pourrait en résulter un grand bien.

Il se rejeta dans son siège, la dévisageant et soufflant comme s’il faisait un terrible effort.

— Alors, il vaudrait mieux que je reste, n’est-ce pas ? répondit Dajeil, contrôlant toujours sa voix avec soin.

— Oui, reprit l’avatar. Oui, j’apprécierais beaucoup, merci. (Il se leva soudain de son siège, comme sous l’impulsion intérieure d’un ressort. Prise au dépourvu, Dajeil sursauta presque.) Il faut que je m’en aille, à présent, lui dit-il.

Elle déplia ses jambes et se leva aussi, en prenant son temps.

— Très bien, fit-elle tandis que l’avatar se dirigeait vers l’escalier encastré dans le mur de la tour. J’espère que vous m’en direz plus la prochaine fois.

— Bien sûr, murmura Amorphia.

Il s’inclina rapidement et s’éloigna, ses chaussures résonnant sur les marches.

Elle entendit la porte claquer un instant plus tard.

Dajeil Gelian grimpa lentement jusqu’au sommet de la tour. Le vent rabattit sa capuche et fit voler ses cheveux encore mouillés. La ligne-soleil s’était couchée, projetant dans le ciel des éclats d’or et de rubis, transformant l’horizon tribord en une bordure floue et mauve. La brise était devenue glaciale.

Ce soir-là, Amorphia ne rentra pas à pied. Après avoir remonté rapidement l’étroit sentier qui traversait le jardin de la tour et franchi le portail côté terre, il s’éleva dans les airs bien qu’il n’ait pas porté, apparemment, de harnais anti-g ni de combinaison volante. Puis il accéléra, traçant dans l’air une fine courbe floue pour disparaître, quelques secondes plus tard, derrière la falaise.

Dajeil avait les yeux qui s’embuaient. Elle détestait ce genre de réaction. Elle refoula ses larmes, en colère, et s’essuya les joues. Quelques battements de cils, et le ciel redevint stable et clair.

Le processus, en fait, avait déjà commencé.

Un vol de créatures-ballons descendait des nuages tachetés de rouge en suspens au-dessus d’elle. Il se dirigeait vers les falaises. En l’observant de plus près, elle aperçut les drones qui guidaient les animaux. Sans doute la scène se répétait-elle en ce moment partout, aussi bien sous la surface grise de la mer, de l’autre côté de la tour, qu’au-dessus d’elle, dans les régions torrides, à la pression écrasante, qui formaient l’environnement de la géante gazeuse.

Les créatures-ballons semblèrent hésiter dans le ciel ; devant elles, tout un secteur de la falaise, qui faisait peut-être un kilomètre de large sur cinq cents mètres de haut, s’était brusquement replié sur lui-même en formant quatre sections nettement distinctes qui s’enfoncèrent dans quatre vastes et longs tunnels illuminés. Rassurées, les créatures furent canalisées dans l’une des baies ouvertes. Ailleurs, d’autres pans de falaise se transformaient de la même manière ; et des lumières clignotaient à l’intérieur des espaces ainsi révélés. Sur toute sa surface, l’éboulis, qui faisait bien vingt kilomètres en largeur sur une centaine de mètres de hauteur et autant de profondeur, se rétractait et basculait pour former huit « V » gigantesques qui déversèrent des milliards de tonnes de cailloux bien réels dans huit des soutes sans doute renforcées du vaisseau, probablement pour y subir le processus de transformation qui atteindrait ensuite la mer et l’atmosphère du type géante gazeuse.

Une trépidation titanesque, qui résonnait jusque dans les os, secoua le sol et gronda au-dessus de la tour tandis que d’immenses nuages de poussière s’élevaient en tourbillonnant dans l’air glacé à mesure que la roche disparaissait. Dajeil secoua la tête – ses cheveux humides flottant sur le col trempé de son vêtement – et s’avança vers la porte qui donnait accès au reste de la tour, dans l’intention de s’y réfugier avant l’arrivée des nuages de poussière.

Gravious, l’oiseau noir, voulut se poser sur son épaule, mais elle le chassa et il se retrouva perché, battant précairement des ailes, au bord de la trappe ouverte.

— Mon arbre, cria-t-il en sautillant d’une patte sur l’autre. Mon arbre ! Ils l’ont… enlevé !

— C’est dommage ! dit-elle.

Le bruit d’une nouvelle avalanche de pierres fendit les cieux.

— Essaie de rester là où il va me mettre, dit-elle à l’oiseau. S’il te laisse faire. Mais ne sois pas dans mes jambes.

— Mes provisions pour l’hiver ! Envolées !

— Il n’y a plus d’hiver, stupide volatile !

L’oiseau noir cessa de s’agiter et demeura perché là, la tête tendue vers l’avant et un peu sur le côté, l’œil droit fixé sur elle, comme s’il essayait de capter un écho un peu plus chargé de signification que ce qu’elle venait de lui dire.

— Ne t’en fais pas, reprit-elle. On va s’occuper de toi.

Elle le chassa, d’un geste, de son perchoir, et il s’éloigna en battant bruyamment des ailes.

Une dernière rumeur gronda sous la tour et au-dessus d’elle. Dajeil Gelian jeta un regard circulaire aux gros nuages de poussière grise éclairés par le couchant, et vit briller, par transparence, les soutes béantes du vaisseau, qui prenaient peu à peu la place du paysage artificiel. La forme générale et la texture réelle de la coque commençaient à être bien visibles.

Le Véhicule Système Général de la Culture Service Couchettes se montrait sous son vrai jour. Ce n’était plus son noble et galant protecteur, ce n’était plus une réserve naturelle d’animaux sauvages. Le vaisseau, semblait-il, avait trouvé une autre voie, plus conforme à l’étendue de sa puissance. Elle lui souhaitait bien du plaisir, non sans un trémolo intérieur.

La mer comme de la pierre, se dit-elle.

Elle se tourna pour descendre dans la chaleur de la tour, en tapotant son ventre proéminent dans lequel son enfant dormait d’un sommeil sans rêves.

L’hiver s’annonce rude. Plus rude qu’aucun de nous ne l’avait anticipé.

Excession
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